Mardi 09 juillet 24 – J1
Plier/DéplierBonjour à tous !
Ça y est, le grand jour !! Nous avons rendez-vous à Anchin à 7h pour démarrer le voyage à 7h30. On s’inquiète un peu car nous n’avons que 5 voitures pour transporter 14 personnes et 28 valises, mais en se serrant et en empilant le maximum de valises par voiture, tout rentre. Ouf.Le trajet jusqu’à l’aéroport de Bruxelles se passe sans encombres. Là-bas, nous déposons tous nos 2 valises de 23kg.
Nous récupérons nos cartes d’embarquement et avons la surprise de découvrir que tout le groupe est en stand-by. Nous sommes donc forcés d’arriver à l’avance pour l’embarquement, pour pouvoir être placés ensemble. Cependant, il faut faire la file pour accéder aux différentes portes, vérification des passeports et des cartes d’embarquement. Cette file est interminable, nous y passons près d’une heure. Nous arrivons donc après l’ouverture des portes, les derniers du groupe dans la file sont obligés de courir. Nous finissons dispatchés aux 4 coins de la classe economy. Je me retrouve à côté du hublot et d’un retraité californien sur son trajet pour visiter sa famille au Ghana. Je discute quelques minutes avec lui avant de décoller.

La vidéo des consignes de sécurité ne passe pas correctement sur nos écrans (bien dommage parce qu’elle avait l’air rigolote), on y a le droit en live action.Après une brève pause à Accra (Ghana), l’avion repart direction Lomé pour un trajet très court.
Au débarquement, la file pour la douane est plutôt courte mais la vérification des visas prend du temps. Une partie du groupe est refusée : lors de l’impression de nos visas nous avions deux documents, et seul l’un des deux (qu’ils n’avaient pas prévu) est accepté. Chanceux, nous sommes 6 à réussir à passer par un autre guichet, avec des douaniers moins sourcilleux.
Nous rassemblons les valises et achetons une carte SIM pour nos téléphones en attendant le reste du groupe. Ils nous rejoignent après avoir attendu 2 longues queues. Nous 6 prenons alors les valises pour les faire passer à la sécurité. De l’autre côté, on retrouve Nina, qui nous accueille chaleureusement à la sortie. Nous déposons les premières valises en attendant les derniers. Nous montons donc dans le bus vers 21h50 (alors que nous avions atterri vers 18h50).
Nous faisons connaissance avec Nina sur le trajet vers notre hébergement. Accueillie enfant par l’association Vivre dans l’Espérance, nous ne l’avons jamais rencontrée. Elle nous explique avoir étudié à Kara (centre du Togo) puis à Dakar au Sénégal. C’est son premier voyage avec des élèves d’Anchin.

À l’hébergement, nous sommes accueillis par des calins, des chants et des danses des enfants. Nous mangeons ensemble une salade de riz préparée spécialement pour nous avant de découvrir nos chambres. Pour moi c’est beaucoup plus confortable que la dernière fois : on est 3 dans une chambre et on a notre propre salle de bain avec douche et toilettes.
On est vite déçues quand on réalise que la douche ne fonctionne pas et que l’on doit se laver au robinet.
Quant à nos moustiquaires, elles sont circulaires pour des énormes cadres de lits rectangulaires. On tente toutes les stratégies pour les installer, toutes très approximatives. Je finis par accrocher ma moustiquaire sur le mur, elle descend très bas mais au moins je suis protégée.
Ainsi s’achève cette première journée du voyage.
À demain !
Mercredi 10 juillet 24 – J2
Plier/DéplierSalut tout le monde,
Pour notre premier jour au Togo, nous avons prévu de nous reposer, de nous remettre du trajet d’hier. Le réveil est donc programmé pour 8h (donc 10h en France), mais les enfants se lèvent très tôt et, tout comme le coq, nous réveillent dès 5h30. Nous tentons de nous rendormir avec difficulté.
Nous rejoignons notre salle à manger pour un petit déjeuner. Café, pain, confiture, nous ne sommes pas vraiment dépaysés.
Nous allons alors retrouver les enfants. J’en reconnais beaucoup de la dernière fois. L’occasion d’avoir de leurs nouvelles et de se remémorer le dernier voyage.

Nous nous réunissons pour s’organiser pour le reste de la semaine : le soutien et les activités. Nous repartons avec les enfants jusqu’à l’heure du repas. Ils nous apprennent certains de leurs jeux, « chou », semblable à la marelle et un autre jeu que j’ai réussi à comprendre, cette fois ci.
L’après midi, il est prévu qu’on s’isole pour se reposer après le repas, mais je reste avec les enfants, pour des activités plutôt calmes.


Je retrouve Marie, mon amie de la fin de mon précédent voyage. Elle a le même âge que moi, mais elle n’était qu’en CE2 il y a 2 ans. J’apprends qu’elle a quitté l’école : elle suit maintenant une formation de couture, qui semble lui plaire. Elle est venue ici pour surveiller les plus jeunes.
Nous assistons ensuite à une nouvelle réunion, cette fois ci avec les responsables de l’association. Il s’agit d’organiser des activités plus larges, pour le soir ou comme sorties. La visite du zoo s’annonce mal car celui-ci est inondé, mais nous emmènerons probablement les enfants à la plage ou au port dans les prochains jours. De retour avec les enfants, c’est activité bracelets brésiliens pour la plupart, certains dansent et les garçons plus grands jouent au foot.


Il partent tous assez vite à la douche avant de disparaitre pour la prière.
Nous profitons de ce temps libre pour passer des appels, nous laver et changer de tenue pour se protéger des moustiques.
Nous allons diner et enchaînons avec une partie de loup garou entre nous.
À l’heure du coucher, nous entendons le son de nombreux animaux et le bruit du bar le plus proche, très faible.
Bonne nuit !!
Jeudi 11 juillet 24 – J3
Plier/DéplierBonjour à tous,
Nous entamons aujourd’hui notre première « vraie » journée. Nous nous rejoignons tous vers 8h pour le petit déjeuner. Nos groupes de soutien sont déjà formés.
Je me retrouve en binôme avec Shana, en charge des 2ndes et 1ères. Nous avons prévu de leur faire travailler les mathématiques. En matériel, on a simplement un livre de maths de 2nde. Je m’en vais chercher quelques feuilles de brouillon pour nos « élèves ». Ils ne sont heureusement que 4, il est plutôt simple de tous les aider. Après quelques premiers calculs, des responsables de l’association nous amènent des cahiers et nous proposent même un tableau et des craies. J’accepte et nous continuons nos calculs. Ne sachant pas exactement ce qu’ils connaissaient, nous nous contentons de calcul algébrique : simplification de fractions, développements, calculs de racines carrées,…
À la fin de ce moment de soutien, nous sommes un peu à court d’inspiration et nous les laissons repartir.
S’ensuit une petite pause lors de laquelle nous jouons et discutons avec les enfants.

Nous déjeunons et nous nous organisons sur les activités de l’après-midi.
Il y en a beaucoup de proposées : construire des « chenilles » en boîtes à oeufs, faire des fleurs en papier crépon, construire le corps d’un dragon à partir des silhouettes des mains des enfants ou encore décoration de marque-pages.

Pour ma part, j’aide à l’atelier « bracelets brésiliens ». La plupart des enfants s’y mettent sérieusement, mais les plus petits sont peu patients et nous sommes 3 pour nous occuper de plus d’une quinzaine d’enfants, qui nous demandent de couper, de nouer, et de coller leurs fils très souvent.

L’activité s’achève au bout d’une heure, car il est prévu que les enfants puissent se défouler. Beaucoup dans notre groupe n’ont pas terminé leurs ouvrages, ils le continueront plus tard.

On joue sur le grand terrain à différents jeux de ballon. Je suis rapidement mise à l’écart par la petite Zélie qui veut absolument que je la porte.

Nous sommes plus tard initiés à la danse par Jean, qui nous apprend la chorégraphie qu’il invente en temps réel. Les enfants sont ravis et s’y donnent à fond. Nous suivons comme nous pouvons et les meilleures danseuses parmi nous aident même à inventer la suite de la chorégraphie.
Les enfants partent ensuite tous à la douche, puis à la prière.
Nous ne les recroisons que bien plus tard, avant qu’ils partent se coucher.
Demain, je suis assignée aux CP, ce qui m’inquiète un peu, j’espère réussir à les canaliser cette fois.
À demain !
Vendredi 12 juillet 24 – J4
Plier/DéplierBonjour tout le monde,
On se réveille ce matin avec comme idée de fêter l’anniversaire d’Alix. Tout est prêt : gâteaux, carte et les enfants ont l’intention de lui chanter bon anniversaire. On avait gardé la surprise.
Mais en lui souhaitant ce matin, elle nous corrige : son anniversaire n’est pas aujourd’hui, mais lundi ! On décale tout pour lundi, et aujourd’hui on fêtera les 3 résultats de bac français du groupe.
Nous rejoignons, cette fois encore, nos groupes de soutien.Je redoute les CP1 et les CP2, puisque j’en garde des mauvais souvenirs du dernier voyage, mais je voulais tenter à nouveau.
On s’occupe d’un groupe d’une dizaine d’enfants, et on leur distribue des ardoises et des feutres. Une partie s’éclipse toute les quelques minutes, d’autres se dessinent sur les bras. Seuls 3 ou 4 enfants s’intéressent à ce que nous racontons. Quand les « grands frères » viennent surveiller, tout le monde se tient calme, sans pour autant travailler davantage. Ces 90 minutes de soutien semblent très longues.

Nous nous posons quelques minutes, puis partons danser. Il faut qu’on apprenne la suite de la chorégraphie. J’arrive à suivre mais pour l’instant je n’ai presque rien mémorisé.
Nous nous interrompons pour aller manger.

Après la pause, nous mettons en place les activités. Nous encadrons à trois l’atelier origami. On leur fait faire un « origami gonflable », puis on leur apprend à raconter une histoire en transformant successivement une feuille en couronne, canard, renard, poule, bateau à voile, étoile de mer, bateau à moteur, maison et enfin boîte. On encadre surtout des plus grands, ce qui rend l’activité assez aisée pour nous.
Nous les rassemblons finalement pour des activités plus sportives, mais la petite Grace s’endort dans mes bras et je n’ose pas la réveiller.
Je passe aussi un moment avec les autres enfants.

Je discute avec Céline, 13 ans. Je lui demande pourquoi elle, comme la plupart des enfants, me vouvoyent. Elle m’explique que c’est pour eux très important de montrer de cette manière du respect à leurs aînés, même proches en âge. On parle aussi de leur système scolaire, qui est très similaire au notre dans sa structure. Elle s’intéresse à la place que nous donnons à la prière chez nous. Pour elle, c’est très important. Les enfants de l’orphelinat (sauf une minorité de musulmans) prient ensemble tous les soirs et on les emmène à la messe tous les dimanches mais elle prie aussi seule le soir. Elle me raconte qu’elle veut prier pour rester en bonne santé, guérir les maladies, mais aussi pour ceux qu’elle ne porte pas dans son coeur, comme elle dit.

Les enfants partent se doucher puis vont à la prière.
Vers 20h30, on propose aux plus grands d’entre eux une soirée cinéma. On regarde avec eux les Gardiens de la Galaxie. Beaucoup restent regarder le film en entier, mais plusieurs filles s’éclipsent en plein milieu, un peu fatiguées. Ils rigolent beaucoup des attitudes des personnages, mais pas tellement du second degré, dont ils ont sûrement moins l’habitude. Nous nous séparons pour la nuit. Demain nous serons samedi. Pas de soutien, mais une sortie à la plage est prévue. Les enfants ne savent pas encore qui sera concerné, mais ils espèrent tous aller voir la mer, pour certains pour la première fois.
Bonne nuit !!
Samedi 13 juillet 24 – J5
Plier/DéplierSalut !
Aujourd’hui, on est samedi, on a donc prévu une matinée de répit. Mais entre l’habitude que nous commencions à avoir, la lumière dans la chambre et la musique des enfants, nous sommes plusieurs à nous reveiller comme toujours à 7h30.
Les plus grands des enfants sont seulement en train de réorganiser notre salle à manger, vidée hier pour accueillir les ados à notre soirée cinéma. Je ne me presse pas, je prends bien soin de me préparer jusqu’au bout, pour ne pas perdre de temps après. Après un bref petit déjeuner, je pars rejoindre les enfants.
Pour la plupart, ils reprennent les scoubidous et bracelets brésiliens commencés hier. On leur en ramène de nouveaux fils, pour que ceux qui n’en n’ont pas (ou plus) puissent s’occuper. Céline sélectionne des fils et entreprend de me fabriquer un bracelet brésilien en y ajoutant des perles pour épeler son nom. Elle n’a pas trouvé de c, j’ai donc un magnifique bracelet « Séline » autour du poignet. Je l’accroche et je fais un vœu.
Pendant ce temps, les autres me tripotent les cheveux, qu’ils trouvent très intrigants.
Avant de me faire une petite tresse, Shalom glane quelques gommettes qu’elle colle sur son visage.

On part manger puis on se retrouve très vite devant le bus. Il n’y a pas assez de place, on se retrouve à trois sur deux places, mais je suis rassurée de ne pas devoir porter un enfant sur mes genoux pendant 50 minutes de trajet. Je suis assise à côté de Samuel et d’Evelyne, et Marie-Paul déplie un siège dans l’allée de l’autre côté de moi. On est prêt à démarrer. Mais juste avant de partir, le petit Christian vomit derrière moi, on est tous évacués le temps du nettoyage avant de remonter aux mêmes places. Cette fois ci, on part pour de bon !

Le voyage se passe sans encombre, on chante et on écoute de la musique tous ensemble. La circulation togolaise nous laisse dubitatifs : beaucoup grillent les feux rouges, les scooters coupent la route n’importe quand et aucune priorité ne semble respectée, même sur les ronds-points.
Arrivés à la plage, on doit tous attraper un enfant par la main. Ils ont tous entre 8 et 14 ans, et des plus grands s’occupent de ceux qu’on ne peut pas tenir. La plupart d’entre eux n’ont jamais vu la mer, sauf pour ceux que nous avions emmenés il y a 2 ans.

Ils essaient tout de suite de la toucher. Céline, quant à elle, se montre réticente, du haut de ses 13 ans. Il faut plusieurs minutes pour la convaincre d’essayer de tremper ses pieds. Après avoir tenté, elle ne veut plus s’arrêter. On prend beaucoup de photos, en faisant attention à nos téléphones car les responsables nous ont averti que des « filous » pourraient venir nous les dérober. On danse un peu sur la plage avant de repartir vers le bus.

Dans la rue, nous sommes les seuls blancs et attirons beaucoup l’attention, notamment celle des marchands.
Le trajet du retour est beaucoup plus calme que l’aller, il y a de la musique mais personne ne chante, et beaucoup d’enfants s’endorment. De retour au CASA (Centre d’Aide Sociale st André, notre hébergement), les enfants partent directement se laver. Je parle un moment avec ceux restés sur place, déjà prêts pour la prière.
On les retrouve un moment entre la prière et le repas.
Ce soir, j’apprends à une partie de notre groupe à jouer au Papayoo, je suis plutôt en train de gagner, pour le moment…
À demain !
Dimanche 14 juillet 24 – J6
Plier/DéplierDoigoim ! (parce que je m’entraîne au Moba)
Pour cette dernière grasse matinée du weekend, je me réveille à 7h40, en même temps que les deux autres de ma chambre. Nous sommes les seules levées et nous partons prendre le petit déjeuner à trois. Nous n’avons pas la moindre idée de ce qui est prévu pour aujourd’hui.
Je récupère le papier à musique que j’ai ramené par inadvertance ici et j’en profite pour recopier une mélodie de mon téléphone de façon plus lisible.
On rejoint les enfants, pour parler et s’occuper d’eux.

Je porte les plus petits dans mes bras. La petite Kléwé, qui a deux ans, monte sur mes genoux. Beaucoup plus menue que les autres, elle a l’air beaucoup plus faible que les autres de son âge. Je m’inquiète en la soulevant, elle semble tellement fragile.
À 11h, on accueille Sœur Marie Stella, pour qui les enfants font la fête un moment. Elle les salue un par un, puis nous salue également. Elle amène avec elle le prêtre de Dapaong, spécialement pour la messe de ce matin. Nous nous rendons dans l’église improvisée dans nos bâtiments et le prêtre réclame aux enfants un chant pour commencer.

Je suis surprise de le voir sortir son téléphone pendant que les enfants chantent, il le pose à la fin de la chanson mais il reste sur l’autel tout au long de la messe. La messe est, comme la dernière fois, très dynamique. Les enfants tapent dans leurs mains, chantent autant qu’ils peuvent, et sont tous très impliqués.
En sortant, nous quittons les enfants, et nous partons manger. On nous a proposé un tournoi de foot cet après-midi, mais le terrain n’est qu’en partie fauché, et on doute qu’il soit terminé pour 15h. Finalement, les plus grands s’y mettent sérieusement et les « Enfants de l’espoir » (enfants de l’association scolarisés à l’école de ce nom), viennent les aider à ramasser l’herbe coupée.

Nous formons 3 équipes. Je suis dans l’équipe de Paul, mais notre équipe est déséquilibrée par rapport aux autres, qui comportent des joueurs plus expérimentés que nous. Nous perdons tous nos matchs, mais nous nous amusons bien. Les filles et les enfants restent sur le côté et nous encouragent.
Nos matchs terminés, je discute un peu avec Paul et son frère jumeau Pierre. On parle de leur famille. Ils expliquent que dans la plupart des familles, au Togo, il y a au moins 8 ou 9 enfants. Eux sont les seuls d’une grande fratrie à avoir été recueillis par l’association. Ils expliquent qu’ils ne voient que très rarement leurs frères et sœurs biologiques, mais qu’à l’orphelinat tous se considèrent comme frères et s’aiment comme des frères et sœurs. Pour eux, ne pas avoir d’enfants est une chose inconcevable, et l’adoption n’est pas une option.
J’apprends une nouvelle prière avec Céline, et Marie-Paul m’aide à réviser mon vocabulaire en Moba.
On part manger très vite car on a promis aux enfants de regarder la finale de l’Euro, à 19h ici.
Mais entre une coupure de courant, un problème géographique de connexion à Canal+ (même avec un VPN) et l’impossibilité de trouver une solution, on renonce à regarder, au début de la deuxième mi-temps. Il est juste 20h, on leur lance alors un autre Marvel.

Woningnan (impossible de l’écrire mais bonne nuit !!)
Lundi 15 juillet 24 – J7
Plier/DéplierBonjour à tous !
Nous reprenons les cours ce matin. Avec Shana, nous sommes chargées des lycéens. Après avoir tenté un peu de physique, nous testons quelques exercices de maths. Tout se passe très bien, et Shana part donner un cours particulier à Rodrigue, un adolescent malvoyant. Nous travaillons les intervalles, puis les fonctions.

Les jumeaux Pierre et Paul prennent les choses en main : ils m’indiquent les exercices qui les intéressent, viennent les recopier au tableau et gèrent la correction.

Je ne sers qu’à préciser leurs affirmations et à réexpliquer certaines réponses. Tous les autres passent au tableau. Alors qu’il reste encore trente minutes, même les jumeaux ont perdu leur motivation. Nous parlons donc des différences entre la France et le Togo, concernant les langues régionales (ils ignoraient que nous en avions en France), les religions ou encore le système médical.
On déborde même de notre créneau.
Je rejoins ensuite les plus petits, et je porte la petite Amédée un moment.

Nous partons manger puis les couturières viennent prendre nos mesures pour les vêtements que nous commandons.
Cet après-midi nous reprenons les activités. Dans mon groupe, on colorie des enventails et des puzzles.

Les enfants sont ravis, toutes les créations sont très originales.

L’atelier terminé, je discute un moment avec Céline et Shalom.
Céline raconte qu’elle est arrivée à l’orphelinat à l’âge de 6 ans avec sa grande sœur Abiguail, après la mort de leur père. Leur mère a tenté plusieurs fois de les ramener avec elle, mais avec l’intention de les vendre ou de leur arranger un mariage. Les deux ont à chaque fois refusé, avec le soutien de soeur Marie Stella. Céline m’impressionne par sa sagesse et son courage, après son enfance tumultueuse. Elle m’apprend beaucoup.
Shalom, quant à elle, voit assez souvent ses parents à Dapaong, mais ne vit pas avec eux par manque de moyens : elle est atteinte du VIH. Beaucoup d’enfants ici sont présents pour la même raison, les médicaments sont très chers pour eux. C’est d’ailleurs la première raison d’exister de l’association.
Céline, qui rêve de devenir styliste, ou illustratrice, se lance dans un dessin sur un de nos tableaux. Consciencieuse et persévérante, elle réalise en quelques minutes un dessin très réussi.

Je retrouve Marie devant notre salle à manger. Elle prend plaisir à mettre à l’épreuve mon Moba. Jusqu’ici tout va bien, je réponds toujours « Lafié », ce qu’elle attend toujours (c’est ce qu’on répond après n’importe quelle façon de dire bonjour). Je viens lui donner un coup de main à elle et à Mireille, pour mettre la table. Très rapidement, elles passent le balai de façon très efficace. C’est bon, tout est prêt !
Ce soir, on mange des pâtes carbonara (ketchup pour moi), préparées par quelques uns d’entre nous.
On fête avec un gâteau l’anniversaire d’Alix, pour de vrai cette fois.
On finit la journée par un blindtest, que mon équipe remporte brillamment, bien qu’en large infériorité numérique (oui, je devais préciser).
Bonne nuit et à demain !
PS : j’ajoute en annexe un lexique Moba, au cas où 😉
Mardi 16 juillet 24 – J8
Plier/DéplierBonjour à tous,
Ce matin, je suis chargée des maternelles, ou « jardin », comme ils disent. Nous sommes 3 pour un groupe d’une dizaine d’enfants. On sort des puzzles, des Lego® Duplo® et des personnages M. Patate. Plusieurs grandes viennent nous aider, et la plupart des enfants restent très sages. Seules Grace et Edith sont agitées : elles tentent tous les stratagèmes pour s’enfuir et partir avec notre matériel faire des bêtises. Je m’occupe de surveiller la sortie, tout en vérifiant que les autres ne se tapent pas dessus. Je sers en même temps d’oreiller pour Amédée, et elle utilise ma robe pour stocker ses pièces.
On finit, après une heure, par tout ranger pour leur apprendre des comptines, avant de leur lancer deux épisodes de T’choupi. Ils sont tous très contents.
Je vais ensuite jouer avec d’autres enfants.

La sœur Marie Stella revient, je discute un peu avec elle.
Après avoir mangé, tous les enfants font la sieste, même les plus vieux. Sœur Marie Stella les envoie tous se reposer au fur et à mesure, ce qui change de d’habitude.
On rejoint Chloé et Loué, les deux filles de la cuisinières du restaurant voisin, qui sont intégrées à notre soutien et à nos activités tous les jours.

Pour les activités cet après-midi, on forme quelques groupes. Le mien est surtout constitué d’enfants jeunes. On fait des masques à partir d’assiettes en carton. La gestion de la peinture est chaotique, ils en mettent partout à côté. On s’occupe de découper les yeux des masques et de fixer les élastiques.

La mise en place et le rangement sont laborieux, mais les sourires des enfants en valent la peine.

Les garçons jouent ensuite au foot, tandis que je joue avec les petits sur le côté. Je parle toujours beaucoup avec Céline et Shalom.
Ce soir, c’est Alex qui fait à manger : des pommes de terre sautées. En collaboration avec Mathilde et Apolline pour des délicieuses omelettes. Nous nous régalons Repus, nous retrouvons Jean qui nous refait travailler notre chorégraphie. Les enfants suivent.

On discute de techniques de drague avec Pierre et Paul. Ils expliquent qu’ici seuls les garçons font habituellement des avances, malheureusement selon eux. Ils sont très étonnés de savoir que les gens de notre âge en France se parlent beaucoup par message dans ce contexte. Ils ont aussi très peur des filles jalouses ou possessives. Leur façon de nous le raconter nous amuse.
Nous partons nous coucher, dans la symphonie des cris de crapauds et de geckos.
Bonne nuit !
Mercredi 17 juillet 24 – J9
Plier/DéplierBonjour à tous,
Pour cette neuvième journée de voyage, nous célébrons l’anniversaire de Mathilde. Comme pour Alix, les enfants chantent et dansent pour lui souhaiter, dès le début de la journée.
Je rejoins les CE2, à l’étage.
On travaille la conjugaison à l’imparfait, puis trouvons une chanson pour travailler les tables de multiplication.

La classe est très hétérogène : tandis que certains maîtrisent tout parfaitement, d’autres sont incapables de nous donner leur nom quand nous demandons. On finit avec un peu d’anglais : une comptine sur les couleurs puis « head, shoulders knees and toes », completés par un épisode de Dora, pour les dix dernières minutes.
Avant le repas, Marie continue les tresses qu’elle avait commencé avec d’autres hier soir. Trois quarts de mes cheveux sont tressés, mais il faudra que je défasse tout pour un vrai tressage prévu samedi.
Cet après-midi, on visite la Plateforme Industrielle d’Adétikopé (PIA). On ne sait absolument pas à quoi s’attendre. On grimpe dans le bus avec les grands adolescents, encore une fois serrés par manque de place.
Le trajet est très court, et une fois arrivés on remarque qu’on a oublié un des garçons du groupe à l’hébergement. On ne retourne pas le chercher, car il préfère se reposer, finalement.
À la PIA, nous sommes accueillis par un fonctionnaire chargé de la communication.

Le complexe date de 2021, et abrite certaines des plus grandes industries togolaises. Motos électriques, huile de soja, matériel pharmaceutique et vêtements sont produits à partir du matériel stockés dans une dizaine d’entrepôts immense. Le Togo est par exemple premier exportateur de soja bio d’Afrique.
Le guide monte en bus avec nous et nous montre les différents bâtiments sur le trajet.

On visite une usine de textile. Très fier, notre guide nous explique le travail à la chaîne et l’efficacité de ce système, le présentant comme une nouvelle avancée. Surprenant car, pour nous, les principes du fordisme commencent à dater un peu.
Arrivés devant une usine d’huile de soja (« Togo Soja »), nous avons le droit à un exposé sur la transformation du soja et ses valeurs nutritives. Je pense que je n’avais jamais touché de grains de soja avant, alors que c’est vraiment la base de mon alimentation depuis un moment.
On dépose notre guide à l’entrée, avant de retourner chez nous.
Je joue à leur « trois petits chats » local puis je sors mon Jungle Speed. Un peu trop tard car tous les enfants partent à la prière. Seul David reste. Je joue donc plusieurs parties avec lui, Shana, Mathilde et Liam.
On part ensuite manger, pour reprendre ensuite nos parties, qu’on remplace finalement par un Papayoo.
On retrouve les enfants juste avant de partir dormir. Le petit Claude est endormi sur les marches. On le réveille délicatement pour lui recommander d’aller se coucher, mais il refuse, prétextant être en pleine forme. Ses yeux plissés disaient pourtant le contraire.
Nous nous rendons compte que les groupes pour demain en soutien ne sont pas formés.
On nous explique qu’il n’y aura pas de soutien demain, mais une « surprise ». Certains soupçonnent une visite du parc naturel, on verra bien. Réponse au prochain épisode.
Merci pour vos sympathiques messages dans la partie « Commentaires » du blog.
À demain !
Jeudi 18 juillet 24 – J10
Plier/DéplierBonjour !
Ce matin, nous sommes rejointes par Sophie et Margot, deux infirmières françaises qui passent quelques semaines au Togo pour donner des formations de premiers secours.
Elles tardent à arriver, nous donnons donc pendant 40 minutes un cours d’espagnol aux lycéens et collégiens en les attendant.
Arrivées, elles s’installent dans la salle et posent un tapis. Elles nous expliquent comment gérer un malaise avec la PLS et le massage cardiaque. Plusieurs personnes se portent volontaires, pour jouer la victime et le sauveteur.

Elles m’expliquent qu’elles ne parlent pas de defibrillateur car on en trouve très peu par ici. On enchaine sur les brûlures, hémorragies et étouffement.
La formation concerne une majorité de notre groupe ainsi que les élèves de l’association au collège et lycée. Pendant ce temps, d’autres sont partis faire des courses ou s’occuper des plus petits.
De notre côté, tous les participants sont très investis, s’engagent dans les démonstrations et posent des questions. Les infirmières expliquent très bien et j’ai compris beaucoup. Je m’étonne d’avoir dû aller jusqu’en Afrique pour avoir ces informations pourtant basiques.
Avec Shana, on explique en temps réel à Rodrigue, malvoyant, les démonstrations. On déplace ses mains, décrivons les points importants à retenir, pour éviter qu’il reste de côté. On l’encourage même à participer à une démonstration, ce qu’il fait très bien.
On repart, pour rejoindre les plus jeunes jusqu’au repas.
Nous mangeons en compagnie de Margot, de Sophie, ainsi que de leurs deux chauffeurs togolais, à qui on fait découvrir les pâtes.
Ce midi, je décide de faire ma lessive après le repas. Évidemment, il s’agit de remplir d’eau un seau et de tout nettoyer à la main. Je tente sans succès de retirer une tâche de peinture de ma robe. Désespérée, je demande à Hélène (ou « Maman François » comme tout le monde dit ici), des conseils. Elle me demande de ramener ma robe et la confie à une autre grande qui part la nettoyer plus loin. Je la suis avec l’intention de finir après la démonstration mais elle fait tout elle même, même le rinçage et l’essorage que je voulais faire moi-même. Toutes les tâches sont « sorties » et j’ai un nouvel exemple prouvant qu’il est important de savoir demander de l’aide parfois. Je n’avais pas la technique, je n’y serais jamais arrivée.

Cet aprem, ou plutôt « soirée » qui ici commence vers 15h, un grand match de foot est organisé.

Pour ma part, je reste assise sur le côté à encourager, Samira sur les genoux.

Ce soir les « majeurs » partent manger à l’extérieur, nous sommes donc en petit comité.
On sépare les enfants : les plus jeunes regardent le dessin animé Soul tandis que je pars avec les plus grands pour jouer aux jeux de société. Certains jouent à de simples jeux de cartes, d’autres aux Jungle Speed. Sur ma table, on leur fait découvrir Skull King puis très brièvement That’s Not A Hat. Nous passons un bon moment.

Pour demain, j’espère faire soutien aux CM1 ou aux élèves de collège, ce que je n’ai encore jamais fait depuis que nous sommes arrivés.
À demain !
vendredi 19 juillet 24 – J11
Plier/DéplierBonjour à tous !
Ce matin, c’est le début des tresses : trois d’entre nous se font coiffer. Les coiffeuses ne parlent pas français mais avec l’aide de photos pour se faire comprendre, le résultat est très bien.
Pour le soutien, je récupère les CP malgré moi, puisque c’est le seul niveau dans lequel personne n’est positionné. En binôme avec Mme Duchatelle, ça se passe un peu mieux que la dernière fois. On travaille les additions puis chantons des comptines avec eux. Pour finir, on leur lance un épisode de « Sam Pompiers » comme ils disent, pour clôturer ce cours.

Tous sont ensuite réunis à l’extérieur, et se lancent dans des jeux entre eux.

Nous partons manger. Je tente ensuite sans succès de me reposer. C’est difficile quand on veut également profiter au maximum du séjour qui est maintenant bien entamé.
Je pars avec Shana jouer à Skull King avec les plus grands togolais.
Quand on s’approche de 15h, on réalise que les activités ne sont pas prêtes. En trio, on décide de ramener des feuilles d’origami pour refaire l’activité.

Parmi les enfants, beaucoup sont partis jouer à Poule Renard Vipère et d’autres commencent à être fatigués du séjour et prolongent leur sieste. On se retrouve avec très peu d’enfants, qui veulent tous finalement faire des cocottes. Avec Shana, on retrouve Alex pour lui apprendre à jouer à Skull King, avant de recommencer une partie avec Liam.
Ce soir, Alex, Mathilde et Apolline nous cuisinent des pizzas (4 fromages, légumes, bolognaise et chèvre miel lardons). C’est super de changer un peu de nos repas de d’habitude. On se régale.

Ce soir, je discute avec Marie pendant longtemps. Elle est très contente que le weekend soit là, elle va pouvoir se lever tard… 6h… pas si tôt selon nous mais tout de même mieux que les 4h30 habituels.
Le grand frère Augustin, éducateur ici, discute avec Alex, éducateur spécialisé en France, des différences entre les pays pour leur métier.

Augustin part bientôt se former justement en France. Pour lui, réparer les problèmes familiaux est d’une importance capitale pour le développer un pays. Alex suggère quelques méthodes pour améliorer sa démarche et affiner son projet. J’écoute quelques minutes avant de repartir me laver les cheveux avec les trois malheureux filets d’eau de la douche.
Très important parce que demain, je me fais tresser.
À demain !
samedi 20 juillet 24 – J12
Plier/DéplierBonjour à tous !
Ce matin, je me lève dans les premiers. Je pars tout de suite dans le bâtiment le plus éloigné, où les coiffeuses attendent.
J’avais l’intention de demander les mêmes tresses que la dernière fois mais la coiffeuse me démêle tout de suite les cheveux. Elle commence à tresser sans m’avoir demandé ce que je voulais, mais ça a l’air plutôt joli. Après 1h30 d’attente, mes cheveux sont tressés vers l’arrière sur la gauche et vers le côté pour la moitié droite. Le résultat est joli, je suis très contente et tout le monde me complimente quand je sors.
Déjà 10h30, je passe un moment avec les enfants. Certains jouent à aux petits chevaux, version Cars, offerte lors de notre précédent voyage, d’autres au Jungle Speed.

Fatiguée, je pars dormir pendant 40 minutes juste après le repas. Je reviens répéter la pièce de théâtre pour le spectacle de mardi soir. Dans l’après midi, un grand match de foot est organisé sur le terrain, avec quasiment tout le monde.

Pendant ce temps, Mathilde et Apolline organisent pour les plus petits une activité avec des flocons de maïs. Elle tourne assez vite mal quand les enfants se mettent à tout manger. Je les rejoins pour les aider à ranger. Sauf pour celles grignotées, les créations sont très jolies.

On sort au moment où tout le monde part se doucher.
On nous appelle pour venir essayer les tenues que nous avions commandées. Ma jupe est magnifique, tout est parfait. J’en profite pour récupérer mon argent en francs CFA et je paye la couturière.

Céline essaie ensuite de me faire jouer aux petits chevaux mais l’heure de la prière sonne juste quand on ouvre la boîte.
Ce soir, on joue au Skull King avec quelques togolais puis on rejoint une partie du groupe pour jouer au Président.
Bonne nuit et à demain !
dimanche 21 juillet 24 – J13
Plier/DéplierBonjour à tous,
Ce dimanche, Mathilde, Apolline, Alex et Brigitte s’en vont en vadrouille visiter les infirmières rencontrées précédemment. Ils passent la journée là bas, à assister aux consultations des infirmières et à une formation de premiers secours dans un village isolé.
Restés à Adétikopé, rien n’est prévu de spécial. Nous gardons les enfants, nous lisons, nous discutons.

À 11h, c’est la messe. Toute aussi dynamique que la première, nous profitons de l’ambiance et participons comme nous pouvons.
Après manger, on démarre une partie de Skull, puis les togolais Jean, Pierre et Philippe se joignent à nous. L’explication des règles est laborieuse mais ils comprennent assez vite.
Je rejoins Jean et Jean de Dieu. Il y a plusieurs jours, j’avais écrit avec Mathilde, Apolline et Alex les paroles d’une chanson. On leur a transmis et ils ont commencé à écrire la mélodie. Je reste un moment avec eux pour les aider à continuer. Il manque un couplet, mais Jean de Dieu a prévu de l’écrire. Le résultat est très chouette, j’en suis très fière.

De retour avec les autres, on maquille les enfants et les plus grands avec ce qui nous reste de peinture. Tout est très réussi et les enfants sont ravis.


Un peu avant la prière, je croise Marie et Augustin assis à une table. Augustin, un des grands frères, m’explique que mon amie, en formation de couture, est incapable de lire les nombres, malgré ses 17 ans. Il tente comme possible de l’aider, sans vrai succès (ni beaucoup de patience, apparemment). Je me propose de le relayer.
Je reste 45 minutes avec elle dans les dernières lueurs du jour, puis avec la lampe torche intégrée à ma montre, à lui donner des petits exercices.
Lors de mon dernier séjour, elle avait 15 ans et rentrait en CE2, probablement parce qu’elle avait commencé trop tard l’école. Je me doutais qu’elle était en retard scolaire, mais pas à ce point. Impossible aussi de lui écrire les chiffres en toute lettres puisqu’elle est incapable de lire. Je dois donc tout lui expliquer à l’oral, sans support écrit.
Je commence à me faire dévorer par les moustiques, je la laisse. On se met d’accord : je m’occuperai d’elle demain matin, à la place du soutien. Je pars ensuite chercher un livre de CP, pour pouvoir m’en inspirer.
Ça me fait mal au cœur. Je réalise en même temps la chance que j’ai eue d’aller à l’école, c’est tellement pénalisant pour ceux qui n’ont pas pu y aller. C’est vraiment injuste, ici les perspectives d’avenir sont très limitées pour les personnes peu instruites, alors même que l’école n’est pas obligatoire pour tous. La situation de Marie m’inquiète.
Les 4 qui nous avaient quittés ce matin sont de retour avec les deux infirmières, qui resteront jusqu’à demain soir. Ils nous racontent leur journée pendant le repas.
On rejoint Jean de Dieu pour apprendre une nouvelle chorégraphie, un peu plus typique que la précédente.
Je pars assez vite me coucher, la fatigue commence à s’accumuler pour tout le monde.
À demain !
lundi 22 juillet 24 – J14
Plier/DéplierSalut à tous !
Ce matin, comme promis, je rejoins Marie pour lui donner cours. On profite des tables de l’étage pour s’installer et commencer à travailler. Les autres enfants n’avaient apparemment pas prévu qu’ils auraient soutien ce matin et nous sommes vite expulsées de notre place quand ils arrivent plus tard. On s’installe à nouveau et je lui montre le livre récupéré des CP.
Mon élève (mais aussi professeure de Moba) s’exerce à compter les dizaines et unités, jusqu’à 69. Je n’ose pas aller plus loin, puisque les noms des dizaines suivantes sont tout sauf faciles à comprendre. Elle sait très bien compter, mais ne sait pas faire correspondre ce qu’elle dit à l’oral aux chiffres écrits.
Je lui demande de lire l’heure sur mon téléphone de temps en temps, puis l’idée me vient de lui faire lire la météo.
Je recherche toutes les villes qui me passent par la tête et je lui demande de lire la température.

Après 1h30 de travail, on s’arrête et je l’accompagne jusqu’à la cuisine. Tout est déjà prêt à 10h30, là-bas. Je croise Hélène, avec qui je discute un moment. J’apprends un nouveau mot en Moba : « kakadoro » pour le gingembre qu’elle rape pour ajouter au plat.

À la fin de leur cours, les CM1/CM2 révisent les rôles qu’ils doivent jouer dans l’interprétation d’un conte pour le spectacle de demain. Shalom joue le Petit Chaperon Rouge.
Cette classe est rejointe par les CE2, pour répéter « l’oiseau et l’enfant », qu’ils chanteront demain également.
Notre groupe se rejoint pour commencer à préparer la kermesse de cet après-midi. Je m’occupe de découper les jetons « bonbons ».
Après le repas, on commence à trier les jouets que nous distribuerons demain matin.
Je prépare mon affiche de stand pour la kermesse puis je pars me reposer autant que je peux.
Juste avant le début de la kermesse, on rassemble les enfants et on leur propose de se faire maquiller. Pendant ce temps, je plante mes piquets pour le « Lancer d’anneaux ».
Les enfants sont repartis en 7 groupes entre les 7 jeux proposés. On leur distribue des jetons « bonbon » à chaque fois qu’ils réussissent. Sans savoir la durée des autres jeux, je fais passer mon premier groupe très vite mais j’attends de nombreuses minutes après le groupe suivant. Je réorganise le jeu pour qu’il soit plus difficile et un peu plus long. Assise juste à côté, Marie assiste à mes efforts.
Les enfants sont surpris de la difficulté de ce jeu qui semble à première vue très facile. Beaucoup se moquent des autres avant de tenter eux mêmes.Même les plus petits participent, qui pour certains posent l’anneau directement sur le piquet.

Tous semblent passer un bon moment. Ils ont le droit à une crêpe mais personne n’en a déjà goûté avant, et elle ne plaît apparemment pas à tous.
Ce soir, on se réunit avec Jean de Dieu et les filles de l’orphelinat qui aiment chanter pour leur apprendre le refrain de notre musique. Épuisée, je pars me coucher dès que possible.
À demain !
mardi 23 juillet 24 – J15
Plier/DéplierBonjour à tous,
Pour cette dernière journée entière à Adétikopé, le planning est bien rempli.
On se lève à l’horaire habituel, et partons trier les jouets. Ce matin, c’est la distribution.
Je m’occupe du dernier niveau restant, les CP. La valise déborde, impossible de la fermer.
Je fais donc plusieurs aller-retours pour empiler les cadeaux là où nous devons les rassembler. Je finis par ramener la valise avec la fin des cadeaux. Je répartis les jouets entre 10 piles pour les 10 enfants de la liste.
Les autres font la même chose.
Les enfants se posent sur des chaises à quelques mètres de nous, impatients.

Ils arrivent par classe. Pour les CP, seulement 8 enfants arrivent. Les deux derniers se sont glissés dans un autre groupe, je les appelle pour leur remettre leur pile de cadeaux. La quantité est telle qu’ils ont du mal à tout faire tenir dans leurs bras. Chloé se présente quelques minutes plus tard, je réalise alors qu’il manquait quelqu’un sur ma liste.

Par chance, j’avais oublié un certain nombre de jeux sur le côté, que je peux rassembler en une pile raisonnable.
Les enfants nous offrent des tote bags avec un pagne et un bracelet à l’intérieur. On danse avec eux un moment.
On part ensuite payer nos tresses, puis retrouvons la « boutique » de l’association, à nouveau. J’en profite pour arrondir ce que je devais à Augustin, qui gère les comptes.
On fait une pause avant d’aller manger.
À notre table, nous sommes rejoints par Sœur Marie Stella et son amie Louise. Marie Stella nous demande un bilan de notre séjour avant de nous réexpliquer l’objectif de l’association, de sa création aux cas difficiles qu’elle rencontre encore aujourd’hui.
Au Togo, les enfants sont davantage encouragés à obéir qu’à s’exprimer, ceux qu’elle accueille racontent difficilement ce qu’ils ont subi. Leurs histoires sont toutes difficiles.
Elle évoque le petit Philippe, abandonné par sa mère juste à sa sortie de la maternité. Pour elle, s’ils ne se souviennent de rien, il faut leur raconter leur histoire, ne pas leur mentir, même si c’est difficile.
Cette conversation est très enrichissante.
Je ne prends pas la peine de repartir me coucher pour une sieste. On a un spectacle de prévu à répéter.
Nous sommes 4 à jouer un sketch que j’ai joué au lycée il y a 2 mois. On répète puis les autres répètent leurs numéros respectifs.
Le spectacle commence par l’interprétation de « l’oiseau et l’enfant » par les CE2, CM1 et CM2.
S’ensuit un numéro de clowns puis l’interprétation du Petit Chaperon Rouge par les CE2, avec Shalom dans le rôle éponyme. Les autres jouent le loup, les parents, la grand-mère mais aussi les arbres, et les maisons.

Nous passons ensuite, dans une sorte de réécriture improvisée de notre pièce.
Une sorte d’émission « Le Togo a un incroyable talent » se met en place, avec 3 juges, mais le concept ne me plaît pas vraiment : j’aurais préféré que chacun montre ce qu’il sait faire sans avoir de note à la fin.
Les filles s’habillent en tenue traditionnelle Moba pour le « ballet ». Toujours très impressionnant car même des petites de 8 ans participent et dansent super bien.
On fait pour terminer une démonstration des chorégraphies apprises ces deux dernières semaines. On enchaine sur d’autres danses avec tout le monde. J’ai même l’occasion de danser à nouveau les danses du dernier voyage.

Je pars un moment puis je reviens discuter avec Marie, sur des marches. J’entends les cris des togolaises de la chambre derrière nous. Je demande à Céline ce qui se passe. Un chat s’est installé dans leur chambre.
Tout le monde ici est terrorisé par les chats. C’est un animal de sorcier, me dit-on. Elles essaient de le faire sortir à l’aide d’un immense bâton pour ne pas s’en approcher. Je propose à Céline de les aider, si besoin.
Elle est très surprise d’apprendre que les chats ne me font pas peur, et encore plus que beaucoup de personnes en adoptent, en France. Elles acceptent mon aide et je rentre dans leur chambre (celle que j’occupais lors du voyage précédent). Il s’agit d’un minuscule chaton. Je m’en approche doucement en protégeant les mains par peur des maladies.
Il n’est pas du tout agressif et ne réagit quasiment pas. Je finis, après une hésitation, par l’attraper pour le sortir. Il ne se débat même pas. Les filles sont soulagées et me remercient comme si je venais de les sauver.
Ironique, parce qu’elles n’hésitent pas à attraper des rats et qu’elles on viré des cafards de la chambre d’autres filles, animaux qui sont pourtant plus repoussants pour nous.
Cette dernière soirée, on joue pour une dernière fois à Skull King.
On repart demain après-midi, et je n’ai franchement pas envie de leur dire au revoir.
Pas sûr que j’arriverai à mettre le blog à jour demain soir avant de monter dans l’avion.
Ce sera sûrement fait dans la journée de jeudi.
À très bientôt !
mercredi 24 juillet 24 – J16
Plier/DéplierBonjour à tous !
Nous y voilà, le jour du départ.
Assez tôt, une partie des togolais, avec un garçon de notre groupe, montent dans le bus. Ils partent visiter le port autonome de Lomé pour la matinée. Un guide leur présente les différents bateaux et les marchandises transportées.
De mon côté, je me lève pour retrouver la salle à manger couverte d’eau : le robinet est resté ouvert après une coupure d’eau. On va demander de l’aide à une cuisinière qui appelle quelques adolescents. Ils arrivent avec des racloirs et vident l’eau en quelques minutes à peine.
Je ne vois pas tellement les enfants le matin, je veux terminer ma valise au plus vite pour pouvoir les rejoindre. J’en profite pour offrir à Shalom et Gabrielle des foulards, et les grains de soja récupérés à la plateforme industrielle à Élise, qui me les réclame depuis des jours.
Juste avant le repas, je retrouve les plus petits. Les plus grands ne sont pas encore rentrés de la sortie.


Après avoir mangé, on va discuter un moment avec sœur Marie Stella.
On sort quelques minutes du centre pour aller acheter du souravi, alcool de palmier typique, dans une minuscule épicerie juste à côté de chez nous.
On a plus beaucoup de temps, on doit charger nos bagages pour 15h et démarrer vers l’aéroport à 16h.
On laisse Shalom, Jean Claude, Céline et Emmanuella rentrer dans notre chambre. Curieux, ils nous regardent fermer nos valises.

Avant même que je puisse sortir mes affaires, Céline attrape ma valise pour la ramener au bus et Shalom prend mon sac à dos.
On rejoint les autres au bus. Beaucoup sont déjà au bord des larmes mais je ne suis pas triste. Je ne sais pas si c’est parce que je l’ai déjà vécu, ou parce que j’évite de penser à ce départ. J’ai perdu de vue Céline et Shalom.
Je rejoins Marie, assise au bord d’un tas de sable. On parle un peu, puis on se tait et on regarde les autres pendant quelques minutes.
Sœur Marie Stella appelle Shalom. Sa tante est venue pour la prendre pour la fin des vacances. Elle fond en larmes et Soeurs Marie Stella demande « l’amie de Shalom ». Je ne réagis pas, je ne suis pas vraiment sûre qu’on parle de moi, mais je finis par me lever quand les enfants me pointent tous du doigt.
Sœur Marie Stella me la confie : « console ton enfant ». Pas très efficace puisque je commence aussitôt à pleurer avec elle. La Sœur décide de prendre une photo de nous deux pour laisser un souvenir à Shalom, et elle s’énerve de voir nos visages trempés. Elle nous demande de nous « arranger », pour avoir une belle photo. La situation me fait presque rire.
Je retarde au maximum le moment de monter dans le bus. Je discute avec tout le monde, un peu à l’écart. Quand les autres embarquent, Marie prend ma main et m’accompagne jusqu’au bus. De là, j’arrive enfin à dire au revoir.

On part pour l’aéroport dans une ambiance très silencieuse.

Le passage à l’aéroport se passe sans encombres. L’embarquement est retardé d’une heure, nous nous posons sur les sièges devant la porte, toujours sous l’émotion.
On s’envole pour atterrir 30 minutes plus tard à Accra, au Ghana. La nuit sera très courte.
jeudi 25 juillet 24 – J17
Plier/DéplierArrivés vers 7h, nous sommes récupérés par plusieurs de nos parents, qui font la navette jusqu’à Anchin. N’ayant quasiment pas dormi par la nuit, je lutte contre le sommeil au début du trajet, mais je finis par m’endormir malgré tout.
On se sépare à Anchin, et on rentre se remettre de nos émotions.
Merci à tous d’avoir suivi mes aventures, et merci pour vos commentaires !
À une prochaine ! Woningnan !!
Éloïse
ANNEXE :
Plier/DéplierPetit lexique Moba (100% phonétique) :
Woningnan : à bientôt !
Doimenou : dors bien !
Doigoim : bonjour ! – Lafié
Balak : merci !
Bani ! : viens !
Basiia : non
M baa : mon père
M naa : ma mère
M waa : ma petite sœur/ mon petit frère
Kakadoro : gingembre